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Le Chemin de Versailles

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Edition Archipel 2010

Résumé

1663. Combien savent à Paris qui est vraiment Mme Morens, la belle chocolatière du Marais, dont la fortune ne cesse de s’accroître avec la vogue dont jouit dans les salons cette mixture jusqu’alors appréciée seulement de la reine?

Qui se doute que cette parvenue, qui fréquente aujourd’hui Ninon de l’Enclos, fut autrefois connue sous le nom d’Angélique de Sancé?

Citations

La Voisin

p 203

«  Je frémis à la pensée qu’elle ait pu laisser un petit être vivant entre les mains de cette Catherine Monvoisin.
— Elle est allée chez la Voisin ?
— Je le crois. Elle a balbutié ce nom. […]
Devineresse, faiseuse d’anges, marchande de poisons… elle a beaucoup de talents. »

Les poisons

p 189

« On parlait beaucoup de poison dans Paris, et pourtant il n’y avait plus guère, au Marais, que de très vieilles dames pour se faire apporter, au moment du repas, la crédence, petite armoire contenant des coupes pleines de pierre de crapaudine ou de cornes de licorne, et aussi le « languier », sorte de salière d’or ou d’argent où reposaient des langues de serpents. Toutes ces choses étaient destinées à combattre les effets du poison. »

p 204

Raymond de Sancé, jésuite.

« Mais près de la moitié de mes pénitents confessent avoir empoisonné l’un des leurs, avoir cherché à faire disparaitre par des pratiques démoniaques celui ou celle qui les gênaient. »

P122-123

Fouquet

p 162

Prince de Condé :

« M Fouquet s’est considéré longtemps comme le roi de France. Il avait assez d’argent pour cela. Il a fait faire des bêtises à bien des gens. »

Desgrez

p 359

Desgrez :

« J’ai vendu ma charge d’avocat, ayant au surplus été rayé de l’Université. Cependant, je l’ai vendue fort bien et j’ai pu racheter une charge de capitaine exempt, en vertu de laquelle je me dévoue à une tâche plus lucrative et non moins utile : la poursuite des malfaiteurs et des malintentionnés de cette ville. »

Pauvreté

p 190

Recevoir les pauvres entrait dans ses attributions de grande dame, et elle aurait voulu pouvoir les abriter tous.

Peine de mort

p 52

Surtout lorsqu’au bout de la route ne vous attend que la mort, solitaire; dans les roseaux d’une berge, ou pire encore la torture dans les prisons, ou pire encore la torture dans les prisons du Châtelet, la torture qui fait éclater les nerfs et saillir les yeux, et la potence en place de Grèes, la potence pour finir, l’abbaye de Mont-à-Regret comme on l’appelle au royaume de Thunes.

Chocolat

p 116

Mme de Sévigné :

« Le chocolat, proclamait-elle, vous flatte un temps, puis il vous allume tout d’un coup d’une fièvre qui vous conduit à la mort. »

Les Marais

p 120

Elle se rendait bien compte qu’aux yeux ds autres elle n’en était pas moins une parvenue. Elle voulait aller plus haut, et précisément les salons du Marais permettaient aux ambitieuses de « passer » de la roture à l’aristocratie, car bourgeoises et grandes dames s’y retrouvaient sous le signe de l’esprit.

p 121

Audiger

« Vous allez devenir pédante. un proverbe de chez nous dit pourtant qu’une femme est assez savante quand elle peut mettre une différence entre la chemise et le pourpoint de son mari ».

Palais précieux

On y rencontrait la fleur des honnêtes gens, c’est-à-dire beaucoup de femmes de la moyenne bourgeoisie, des ecclésiastiques, de jeunes savants, des provinciaux. Le prospectus de la société était fort alléchant : « Nous prétendons, moyennant trois pistoles seulement, fournir durant trois mois, du premier jour de janvier à la mi-carême, tous les divertissements que l’esprit raisonnable peut imaginer. »
« Le lundi et le samedi, bal et comédie, avec distribution gratuite de citrons doux et d’oranges du Portugal. Le mardi, concerts de luths, de voix et d’instruments.
Le mercredi, leçon de philosophie.
Le jeudi, lecture des gazettes et des pièces nouvelles soumises au jugement.
Le vendredi, « propositions curieuses soumises au jugement ».

p 119

Place Royale

Les gentilshommes se battaient en duel et les belles discutaient philosophie, astronomie et bouts-rimés. […] La place, encadrée de ses maisons roses, avec ses hauts toits d’ardoise et l’ombre de ses arcades qui abritaient au rez-de-chaussée des boutiques de frivolités, lui avaient offert un nouveau refuge où elle se détendait de son labeur. Ici, on vivait discrètement et précieusement. Les scandales y avaient de faux airs de théâtre.

Mme de Sévigné

p 117

La marquise de Sévigné était une femme charmante qui jugeait la vie avec tant d’esprit qu’on lui pardonnait des déclarations parfois excessives. Son mari, beau et charmant, avait été un des premiers favoris de Ninon de l’Enclos, la célèbre courtisane. On le jugeait sévèrement car, nanti d’une femme ravissante et spirituelle, on ne lui pardonnait pas de s’être ainsi affiché dans la galanterie. Il avait été tué en duel, ce qui n’ajoutait pas à sa réputation. Mme de Sévigné s’était consacrée à sa fille et à son fils et à son domaine.

Versailles

p 117

Mme de Sévigné :

« Versailles, c’est le royaume du Désordre, la cohue est telle que, quand il y a la fête, les courtisans sont enragés, car le roi ne prend aucun soin d’eux. »

« Il [Louis XIV] se pique de la beauté de sa maison comme une belle de son visage. »

p 124

Versailles était en passe de devenir l’aspiration de tous et de toutes par la passion que le roi portait à ce lieu. Comme ces étoiles nouvelles que les savants ne cessent de découvrir, il représentait le lieu de toutes les félicités pour ceux qui obtiendraient un jour d’y être conviés.

Les Tuileries

p 141

« Aux Tuileries, disait-elle [Mlle de Parajonc], il faut se promener nonchalamment dans la grande allée. Il faut parler toujours sans rien dire afin de paraître spirituelle. Il faut rire sans sujet pour paraître enjouée, se redresser à tout moment pour étaler sa gorge… ouvrir les yeux pour les agrandir, se mordre les lèvres pour les rougir… parler de la tête à l’un, de l’éventail à l’autre… Enfin, radoucissez-vous, ma chère ! Badinez, gesticulez, minaudez et soutenez tout cela d’un air penché… »

« Les Tuileries étaient, selon Mlle de Parajonc, « la lice du beau monde » et le Cours-la-Reine, « l’empire des oeillades ». On allait aux Tuileries pour attendre l’heure du Cours et l’on s’y retrouvait le soir après le Cours, la promenade en carrosse alternant avec la promenade à pied. Les bocages du jardin étaient favorables aux poètes et aux amants. Les abbés y préparaient leurs sermons, les avocats leurs plaidoiries. Toutes les personnes de qualité s’y donnaient rendez-vous et l’on y rencontrait parfois le roi ou la reine, et souvent Mgr le Dauphin avec sa gouvernante.

Les précieuses – Mlle de Parajonc

p 141

Plâtrée de blanc de céruse jusqu’aux yeux et les paupières cernées de noir comme une vieille chouette, se croyait toujours aussi irrésistible qu’au temps où elle faisait soupirer interminablement ses galants.

p 120

Elle-ci avait connu les beaux jours de la préciosité et de la querelle des femmes. Elle avait rencontré la marquise de Rambouillet, fréquentait Mlle de Scudéry. Son jargon était délicat et inintelligible. Philonide de Parajonc prétendait qu’il y avait sept sortes d’estime et divisait les soupirs en cinq catégories. Elle méprisait les hommes et haïssait Molière. L’amour était à ses yeux « la chaîne infernale ».
Cependant, elle n’avait pas toujours été aussi farouche. On chuchotait que, dans sa jeunesse, loin de se contenter du fade pays du Tendre, elle n’avait pas dédaigné le royaume de Coquetterie et avait souvent atteint sa capitale, Jouissance. Elle-même confessait en levant des yeux blancs : « L’amour m’a terriblement défriché le cœur ! »

Ninon de Lenclos

p 128

Le salon de la célèbre courtisane n’était pas considéré comme un lieu de libertinage, mais comme l’école, par excellence, du bon goût.

« Chez elle, avait écrit le chevalier de Méré, aucun propos de religion ou de gouvernement, mais beaucoup d’esprit et fort orné, des nouvelles anciennes et modernes, des nouvelles de galanteries et toutefois sans ouvrir la porte à la galanterie. La gaieté, l’entrain, la verve de la maîtresse de maison permettaient à tous de se rencontrer avec bonheur. »

L’amitié qui unit Mlle de l’enclos et Angélique de Sancé est restée discrète. Peu de lettres demeurent qui portent témoignage de cette amitié, et ni l’une ni l’autre n’a fait étalage des sentiments profonds et sûrs qui les ont liées dès la première rencontre. Elles appartenaient toutes deux à cette race de femmes qui attirent les hommes, plus ou moins inconsciemment par un charme où se dosent également les attraits du corps, du coeur et de l’intelligence. Elles auraient pu être ennemies. Au contraire, elles connurent l’une par l’autre cette entente de la meilleure amie, parfois nécessaire aux femmes.

Françoise d’Aubigné

p 130

« Pour elle, disait Ninon, il n’y avait guère, comme ce fut pour moi-même, d’autre issue que la galanterie. Mais de son enfance en danger elle a gardé une crainte qui la rend trop gauche pour l’amour. Et pourtant peu d’hommes de qualité ne la désirent pas seulement, mais sont prêts à mettre à ses pieds leur fortune pour quelques moments d’entretien avec elle, l’espoir de susciter son intérêt. »

p 253

Quand à Mme Scarron, on pouvait avoir confiance en sa discrétion. L’intelligente veuve avait un souci trop constant de ménager le présent, le passé ou l’avenir des personnes qu’elle affectionnait, pour se risquer à des bavardages inconsidérés.

p 307

Mme Scarron, plus pauvre et modeste que jamais, paraissait peu indiquée pour la renseigner sur les gestes des courtisans. Mais, depuis le temps qu’elle hantait les antichambres royales à la recherche d’une pension, la jeune veuve du célèbre Scarron se trouvait plus au fait du programme détaillé de la Cour que le gazetier Loret lui-même, chargé d’en consigner heure par heure les faits et gestes. Mais celui-là même aurait eu des surprises. Mme Scarron était toujours au courant de tout.

Hotel du Beautreillis

Chemin de versailles J’ai lu p 451

La demeure qu’elle aperçut ce matin-là était de construction relativement récente. Sa façade claire et sobre, aux très hautes fenêtres, aux balcons de fer forgé, son toit d’ardoise fort net avec des lucarnes arrondies étaient dans le goût des dernières années.

p 160

Le carrosse tourna dans la cour de l’hôtel du Beautreillis. Angélique gravit le perron de marbre. Chaque détail de cette demeure harmonieuse et claire lui parlait de Joffrey de Peyrac. Il avait voulu ces lignes souples comme des vrilles de vignes aux fers forgés des balcons et des rampes, ces frises de bois sculpté recouvertes d’or encadrant les hauts plans lisses des marbres ou des glaces, ces statues et ces bustes, ces animaux et ces oiseaux de pierre, partout présents comme les gracieux génies d’un foyer heureux.

p 177

Elle ne se lassait pas de détailler des merveilles : la décoration riante de déesses, d’enfants et de feuillages, les balustres de fer forgé, les revêtements de boiseries dans le goût du jour et qui rejetaient dans le passé la mode des lourdes tapisseries. Dans la pénombre des escaliers et des couloirs, on voyait luire un foisonnement d’or et des guirlandes de fleurs dont le scintillement menu n’était interrompu de place en place que par le bras étincelant d’une statue supportant une torchère.

p 183

L’hôtel du Beautreillis signifiait trop de choses pour elle. Cette demeure qui n’avait jamais été habitée et qui, pourtant, semblait imprégnée de souvenirs, lui semblait vieillie par une longue peine.
Cette partie du Marais où se trouvait l’hôtel du Beautreillis était tout encombrée de vestiges moyenâgeux, car il occupait l’emplacement de l’hôtel Saint-Pol qui avait été, sous Charles VI et Charles VII, la résidence préférée des rois. Construit pour le souverain et ses princes, l’hôtel Saint-Pol avait groupé de nombreuses habitations que reliaient des galeries séparées par des cours et des jardins, et où se trouvaient l’oisellerie, la ménagerie, les terrains de jeu et de tournoi. Les grands vassaux avaient leurs hôtels personnels dans le voisinage immédiat du roi. Ces hôtels, fort beaux, tel celui de Sens ou de Reims, mêlaient encore leurs pignons et leurs tourelles aiguës aux nouvelles résidences. Partout, la pierre médiévale, tourmentée et tordue comme une flamme, survivait et montait à l’assaut des belles façades conçues par Mansart ou Perrault.
C’est ainsi qu’au fond de son jardin Angélique possédait un très vieux puits, dentelé et ajouré comme une pièce d’orfèvrerie. Après avoir monté les trois marches circulaires qui le rehaussaient, on pouvait s’asseoir sur la margelle et rêver à loisir, sous le dôme de fer forgé, en caressant d’un doigt des salamandres sculptées et des chardons de pierre moussue.

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